Après avoir garé la voiture aux Bacchantes, et en allant rejoindre la place du marché pour filmer le concert de Flyingdeadman aux Expressifs, on est tombé sur quelques barrages de police. Quelques minutes après, l'air hagard, nous croisons quelques badauds prenant en photo un abri bus à la vitre brisée. La vraie interrogation s'est posée lorsque l'on a aperçu la "géode" taguée de l'espace Mendès France. "La plus belle jeunesse meurt en prison", "nique sa taul la réinsertion!", "état terroriste" sont inscrits en rouge. Le Batistère Saint Jean et les jardins ont apparemment fait les frais d'une bataille terrible.
En remontant la rue de la Cathédrale, ce sont des passants aux yeux vitreux, et au teint pâle, qui viennent corroborer nos intuitions...
Quelques punks courent dans les rues, quelques vitrines sont brisées...
Par terre des tissus enduis d'essence, une odeur de brulé, des tags sur les murs et enfin, le verre.
Les banques sont dévastées, les assurances, les magasins de vêtements..
Chaque passant cherche dans le regard de l'autre ne explication, un pourquoi.
Les Expressifs, un festival gratuit se déroulant ce week end même a Poitiers, ont été mis en standby. La scène du parvis de Notre Dame vidée, nos amis dévastés et complètement quois.
"Une voiture de flic banalisée est arrivée. Nous on prenait un verre dans le bar là derrière. Pis des tonnes de CRS ont débarqué. On pensait qu'il y avait un truc du genre baston dans un café, mais non, on a vu tout un tas d'Anars masqués débarquer avec des bambous et des fumigènes. Ils ont tout peté, mais ont zigzagé dans la foule. Pas de blessés. Les flics ont sauté sur eux, ont menoté deux gars et les autres se sont taillés...Pour nous c'est mort, ici c'est "scène de crime"...alors ils ont tout annulé...Et on rentre à Bressuire....putain, pour une fois qu'on allait jouer sur une nouvelle scène, avec un nouveau publique et du bon son..."
De retour au bercail, on a monté les quelques images prises sur place.
Et j'ai fouiné sur le net pour mieux comprendre ce qu'il venait de se passer.
J'ai trouvé ça :
"Manifestation FESTIVE anticarcérale".
Là, je comprend, et je suis toute perdue également.
Je comprend ces revendications. Je suis révoltée moi aussi contre notre état, état totalitaire et intolérant. état ou la liberté et le bonheur sont régis par de trop nombreuses lois, des lois liberticides justement.
Je comprend la détresse, de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui attendent de voir leur situation régularisée, dans des campements de fortune qu'on rase. Ces humains qui souffrent, et qui sont chassés, traqués.
Je comprend qu'il soit impensable de tasser des hommes dans des prisons qui débordent. Et que le lien entre les personnes incarcérées et leur famille soit primordial, et en danger.
Je suis d'accord avec le fait que notre état est pourri d'injustice et d'inégalités, qu'on nous soule de "bling bling", de dollars, de yacht et de rollex, alors que bon nombre de français vivent dans la précarité la plus totale. Je comprend l'envie de tout casser, de tout détruire, de hurler sa colère.
Mais je ne comprend pas la violence gratuite, l'entrain que créé la révolte pour sombrer dans la folie et la haine. "peter un plomb", ça vient vite dans ces circonstances. Peter un abri bus. peter un distributeur, défoncer une vitrine de magasin, voler des fringues et bousiller tout ce que je touche..là ça donne raison à ceux qui nous prennent pour des cons incapable de toute discussion.
Et punir ceux qui essayent d'égayer nos week ends. Ceux qui proposent encore du divertissement gratuit...là c'est pas l'idéal non plus pour donner le change et être respecté.
Selon le blog du collectif anticarcéral, http://anticarceral.poitiers.over-blog.fr/, "une quinzaine de personnes ont été interpellées, actuellements les flics en très grand nombre patrouille autour du 23, ainsi que dans les rues du centre. Ils bloquent et controlent la porte de Paris (ils arretent également les voitures), et sont présent à l'intérieur du 23 où ils ont mis les personnes à terre, et prennent des photographies de ceux-ci.
Le festival Expressif qui occupent les rues de Poitiers a été annulé."
Voilà, une multiplication de la présence policiaire et des contrôles, une vague de haine contre la jeunesse, et encore plus de clichés...c'est tout ce qui aura été obtenu.
Croyez moi, ce ne sont pas les gars de Bouygues qui vont annuler le transfert des prisonniers à Vivonne....malgré cet incident...eux ils sont bien au chaud, et ils s'en foutent de tout ça...
La suite pour bientôt....on en saura plus.
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Excellent ton article et votre vidéo ! Je suis en tous points d'accord.
RépondreSupprimerJ'ai laissé un petit commentaire sur le site de Centre Presse. Je vous l'aurais bien copié-collé mais on peut pas dirait-on...
Thibaud et Sophie aussi.